Lâche-prise, une clé pour accéder à la paix intérieure
« La nature de l’homme est fondamentalement bonne, c’est ce qui le guide dans ses actes. C’est ce qui le conduit à agir avec justesse sans arrière-pensée, sans récompense ni avantage personnel.
C’est ce qui le conduit à la réussite suprême. Le seul piège est qu’il y a un niveau instinctif dans le corps et un niveau instinctif dans l’esprit. On ne doit pas les confondre. Le premier émane des désirs matériels, le second émane du cœur. Suivre le premier conduit à l’infortune » Lao Tzeu 600 av J. – C
Le wu wei, le lâcher-prise Taoïste
Le wu wei est un concept Taoïste qui peut être traduit par « non agir » ou « non-intervention ». Pour autant, ce n’est pas une attitude d’inaction ou de passivité, mais le fait d’agir en conformité avec « l’ordre cosmique originel », le mouvement de la nature et de la voie.
Lorsque l’attitude vraie est atteinte (une combinaison du vouloir et de l’intention), l’action peut se réaliser. C’est-à-dire écouter son cœur au lieu de son raisonnement ou de la logique. Sachant que la logique d’une expérience se réfère toujours aux expériences antérieures. Le wu wei veut dire agir avec la conscience juste, avec la bonne intention, la bienveillance et la sincérité, et il est motivé par le sens juste du cœur où réside notre « je véritable ».
Dévoiler notre « je véritable » par la détente et le lâcher prise
Par la détente et le lâcher-prise nous approchons petit à petit de notre véritable soi, notre « je essentiel » nous abandonnons petit à petit ce qui nous retient, ce qui nous empêche d’être mieux par nos règles ou nos limites, nos jugements envers la vie. Nous laissons notre « moi-ego » se dissoudre petit à petit pour laisser la place à ce que nous sommes réellement. La simplicité et la légèreté remplaçant la difficulté et la lourdeur.
La détente – définition selon le Larousse : relâchement de ce qui est tendu. Synonymes : décompresser, décontraction, repos, délassement du corps et de l’esprit.
La détente se réfère souvent à un aspect corporel, c’est un processus qui peut se développer par la pratique et par la prise de conscience des tensions dans le corps. La capacité de se détendre dépend du lâcher prise de l’esprit, c’est une capacité à se laisser aller, d’entrer en contact avec son corps, de ressentir les tensions et de décider de relâcher.
Le mot « lâcher-prise » a plutôt un lien avec nos sentiments, nos émotions, notre état psychologique. Lâcher prise veut dire cesser de lutter, accepter, abandonner ou laisser se désolidariser. Le lâcher-prise est l’action qui consiste à laisser de côté ce qui nous empêche d’aller bien. Nous ouvrons et accueillons le nouveau, c’est un voyage à l’intérieur de soi qui permet d’abandonner ce qui nous fait souffrir, les tensions, les luttes que nous gardons, voire même que nous protégeons. En lâchant prise, tout ce que nous subissons disparaît, nous nous allégeons du poids de cette douleur, nous nous détachons et abandonnons ce que nous ne souhaitons plus garder. Cela nous rend plus léger, nous pouvons avoir l’impression de perdre quelque chose, d’avoir un espace vide à la place, par contre ce que nous gagnerons en retour c’est la vigilance et davantage le sentiment d’être soi-même.
La détente et le lâcher-prise dans la pratique du Tai Ji Quan ou du Qi Gong engendre la paix, la sérénité et l’ouverture de l’esprit. La sympathie, la simplicité se développent entre les pratiquants, ce qui permet plus d’ouverture des uns envers les autres.
Se détendre par l’exercice de la respiration des vagues ou des trois muscles
La respiration des trois muscles permet une respiration profonde en augmentant le volume respiratoire. Elle libère les oppressions et favorise le transit intestinal, apporte également le calme et dissipe l’anxiété, améliore la concentration et accroît la circulation de l’énergie dans le corps.
La particularité de cet exercice est d’émettre le son « mm » à l’expiration. Il apporte un effet très bénéfique comme le faitde bailler, et on sait que le bâillement est un exercice aux vertus insoupçonnées. Il nous aide à nous détendre et à récupérer et il est surtout très efficace pour relâcher les tensions. Bâiller permet de se sentir mieux dans son corps. C’est en quelque sorte une façon de permettre à notre organisme d’être dans un état de récupération et au repos.
Conseille pratique pour émettre le son « mm »
Pour vous aider à produire le son « mm…» avec justesse, bâillez d’abord plusieurs fois, la bouche grande ouverte, puis continuez avec la bouche fermée et faite comme si vous avaliez le souffle dans le ventre. Par sa pratique régulière, expirer avec le son « mm… » apporte une détente en profondeur, libère davantage les tensions dans le corps et plus particulièrement au niveau de la poitrine, des épaules et du ventre. Petit à petit, cette détente physique favorise une détente psychique ou un lâcher prise qui nous permet de nous laisser aller, de nous détacher de ce que nous ne souhaitons pas garder. Elle permet de libérer les régions les plus cachées de notre être, notre moi, ce que nous retenons ou ce à quoi nous résistons. Notre souffle est le lien entre notre corps et notre esprit, vider le souffle avec le son « mm…» agit sur le plan physique et psychique.
La détente et le lâcher-prise sont les qualités de base dans la pratique du Qi Gong et du Tai Ji Quan. Ils sont nécessaires pour développer la fluidité et l’enracinement des mouvements, ils permettent de se détacher de notre quotidien et d’être présent dans la pratique. Sans la détente et le lâcher-prise, il n’a y a pas le calme et sans le calme, il n’y a pas la concentration et sans la concentration, il n’y aura pas l’équilibre et la justesse dans les mouvements.
De notre moi vers le je essentiel
Notre moi-ego est une représentation que chaque individu a de lui-même, il est souvent perçu comme la substance de notre personnalité, l’image ou l’identité sociale par laquelle nous nous construisons pour le travail ou pour les autres rôles à une manière consciente ou inconsciente, ce sentiment d’exister comme un individu indépendant avec les relations qui découlent de cette impression. C’est le résultat de la somme de notre passé, de notre vécu, de ce que nous pensons que nous sommes, ce sont les références sur lesquelles nous nous appuyons sans en être conscient, c’est ainsi que nous considérons qui nous sommes « moi ». Chaque individu peut avoir plusieurs moi-ego et ils peuvent être révélés selon les situations auxquelles il se confronte. Ce sont les reflets de l’image de soi qui se forment à travers les expériences antérieures. Chaque domaine de notre moi définit une sphère dans laquelle nous nous identifions et chaque sphère peut gêner les possibilités d’épanouissement du je essentiel. C’est aussi vrai pour le corps physique !
Si on adhère à l’idée que le corps et l’esprit ont un lien, l’idée ou image que nous avons de soi a certainement un effet sur l’ensemble du fonctionnement de notre corps. Quand nous nous identifions en permanence avec l’idée du moi plutôt négatif, incapable et fragile, notre corps se comportera comme incapable, maladroit et fragile et avec peu de confiance en soi.
Les jugements que nous portons, les luttes, les résistances, les blessures, l’incapacité de pardonner, ne pas se sentir accepté etc… ce sont les résultats de notre moi qui est en réaction. Par exemple, je ne supporte pas … parce que je (moi + jugement), je me suis senti blessé parce que je (moi + expérience antérieure non intégrée).
Néanmoins, ce n’est pas la bonne attitude de considérer que notre moi-ego est l’ennemi à détruire ou à supprimer. D’abord parce qu’il n’y a pas à détruire quelque chose qui n’existe qu’illusoirement, mais simplement à reconnaître son illusion, et ses besoins. Il ne s’agit donc pas de s’engager dans une lutte car au lieu de résoudre les difficultés, cela les renforcerait, mais de se réconcilier avec lui et accepter de connaître ses besoins et de considérer qu’ils sont là pour nous offrir des occasions d’évoluer et que c’est grâce aux différents aspects de notre moi-ego que nous pouvons découvrir qui nous sommes et être au contact avec notre « je essentiel »
« Il est parfois nécessaire de lâcher qui tu es pour être qui tu es »
Notre véritable soi ou notre « je essentiel » peut se comparer à une sphère de cristal limpide. Quand nous nous tenons dans son centre – équivalent à notre vrai soi – où que nous portions notre regard, la lumière (notre conscience) se réfracte à l’identique, rien n’est déformé. Nous voyons clairement dans toutes les directions à partir d’un point de vue unique et stable. Nous vivons alors dans notre essence authentique et spontanée et apprécions la vie telle qu’elle est.
Si en revanche, nous commençons à nous éloigner du centre vers le périmètre, la lumière va se réfracter du fait des différentes épaisseurs de cristal, et ce que nous percevrons tout autour de nous à partir de cette position décentrée va se déformer. C’est comme dans les glaces déformantes où chaque miroir a une convexion propre. Dans l’un, nous paraîtrons grand et svelte, dans l’autre, fort et trapu, et ainsi de suite.
Porter le regard depuis notre « je essentiel » est porter le regard à la vie telle qu’elle est, sans la colorer par nos filtres de jugements. Les caractéristiques de notre je essentiel sont la quiétude, la paix du cœur ou la conscience juste, la bienveillance, la compassion, la gratitude, la sincérité et la bonne intention.
Certains d’entre nous ont peut-être déjà vécu l’expérience de connexion avec notre « je essentiel ». C’est un moment où nous expérimentons lesilence, la certitude, la confiance, la tranquillité de l’esprit, la simplicité, le moment qui ne contient ni peur, ni agressivité, sans aucunes autres préoccupations que « d’être ». C’est un moment hors du temps, « une expérience de la conscience avant la forme ».
L’intolérance évolue vers la tolérance :
Transformer la perspective de notre « moi-ego » en regard de notre « je essentiel »
1- Prenez une situation conflictuelle avec quelqu’un, ou une personne à qui vous n’arrivez pas à pardonner.
2- Notez le nom de la personne sur une feuille de papier.
3- Quel est l’objet de ce conflit ou l’action que vous ne pouvez pas pardonner ? Par exemple : se sentir agressé, se sentir trahi, se sentir abaissé.
4- Écrivez l’expérience et ressentez-la exactementcomme vous l’avez décrite, sans jugement. Par exemple : la colère, la haine, avoir été abusé dans la confiance, être humilié.
5- Quels sont vos besoins ? Par exemple : j’ai besoin d’être plus respecté dans mes choix ou dans mes décisions, j’ai besoin qu’on m’accorde plus de confiance dans ce que je fais, j’ai besoin qu’on m’écoute et m’accorde plus d’attention dans ce que je dis et dans ce que je fais.
6- Quels sont selon vous les besoins de l’autre personne? Par exemple : avoir plus de compréhension, avoir plus d’attention, avoir plus de soutien, avoir plus de sympathie, être reconnue.
7- Apportez de la compassion, de la bienveillance à cette personne. Considérez que « tout comme moi, cette personne recherche le bonheur dans sa vie »
8- Réalisez une action du cœur ou un acte positif vis à vis de cette personne.
Points importants :
L’étape n° 4 vous permet de vivre l’expérience qui est le cœur du conflit. Ressentir l’expérience du conflit telle qu’elle est, vous permet de l’accepter au lieu de lutter.
Les étapes n° 5, n° 6 et n° 7 vous permettent de changer la perspective de votre « moi-ego » en perspective de votre « je essentiel »
Chaque situation conflictuelle ou difficile rencontrée peut représenter comme une carte d’accès vers l’éveil, et nous permet de nous détacher petit à petit de notre « moi ego » pour être de plus en plus connecté à notre « je véritable ».